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“Servez l’Eternel avec Joie”

Voici l’inspiration et la dédicace de l’ancienne maison de paroisse, construite 1925 au 23 Crêts de Pregny, vingt ans après la construction de la belle chapelle de Crêts en 1905. Elle a servi comme lieu de rencontre pour les gens de Grand Saconnex et Pregny-Chambésy. Ici venaient les jeunes apprendre le catéchisme, les adolescents à jouer au tennis, tandis que les dames se réunissaient au sein de leur club de couture.

La maison et le terrain ont été vendus en 1974 à une famille de fonctionnaires internationaux, hélas non-croyants. Par la suite, ils ont dissimulé la plaque avec les paroles du Psaume 100, en la recouvrant de bois, avec la vigne vierge et une glycine par dessus.

Lorsque nous avons acquis la maison en 1996, nous ne savions même pas qu’une telle plaque se cachait derrière le feuillage. C’était René Jan, fils de Heidi et Edmond et frère d’Eric, qui nous l’a signalé. C’était René qui par la suite a libéré le Psaume, enlevé la vigne vierge et la glycine, pour la gloire de Dieu.

La curiosité nous a pris quand on a découvert de photos du club de couture lors de l’exhibition pour le centenaire de la paroisse en 2005. Le Pasteur Daniel Neeser nous a suggéré d’écrire une courte histoire sur la maison. Grâce au Bulletin de la paroisse nous avons pu contacter quelques personnes qui connaissaient l’histoire de la maison avant de sa sécularisation.

Mme France Collet se souvient qu’elle a fait son instruction religieuse dans la salle du premier étage, donnant sur le jardin. C’était pendant la guerre dans les années 40 que 17 jeunes hommes et 16 jeunes filles se sont préparés pour la communion et pour la confirmation. Jusqu’à 1944, c’était le Pasteur Deletra (1905-1944) qui y donnait l’instruction religieuse. Ensuite, c’était au Pasteur Philippe Wagner (1944-1953), et quand il est tombé malade, le pasteur débutant Henry Babel (oui, le grand Babel a fait son stage à la Chapelle de Crêts !). Par la suite, c’était le tour des Pasteurs Jean-Pierre Schindler (1953-1976), Paul Guerin (1959-1961), Eric Louis (1962-1963), l’hollandais Jean de Jonge (1963-1971), Marianne Bauswein (1971-73), et Hartmut Lucke (1973-1985). Ils ont tous/toutes enseigné le catéchisme soit au premier étage, soit au rez-de-chaussée. Au premier étage se trouvait aussi la bibliothèque de la paroisse, et les paroissiens y venaient lire ou emprunter.

La famille Defossez, une veuve et ses quatre enfants, a habité dans la maison de 1939 à 1948, et s’occupait de l’entretien de la chapelle (entre autres ils faisaient sonner les cloches, ce que les enfants adoraient). Depuis les années 1950, M. et Mme Breda étaient les concierges. Grâce a Mme Collet, j’ai pu contacter Mme Anne Defossez, qui se souvient du laitier, du boulanger, et de l’épicier, qui venaient depuis Grand Saconnex livrer à la maison, si loin des commerces. Dans le jardin il y avait un potager, un cerisier, un pommier. La grande salle du rez-de-chaussée était remplie de bancs et pendant la guerre, en hiver, on y célébrait le culte, parce que l’on ne chauffait pas la chapelle. 40-50 personnes venaient régulièrement. Il n’y avait pas de chauffage central, mais des fourneaux à charbon et briquettes. Le Conseil de la paroisse se réunissait au salon, et parfois les enfants se cachaient dans les buissons du jardin pour faire peur aux membres. Pendant la guerre, la maison servait aussi comme foyer pour les soldats suisses qui venaient volontiers à la maison, parce que l’on leur servait à manger – des gâteaux, des saucisses, du thé. En échanges, ils apportaient de plaques de chocolat.

Mme Jacqueline Defossez Gaudibert, plus tard professeur de musique, jouait déjà sur le piano droit en acajou clair, si haut et imposant. Elle se souvient avec plaisir d’un autre, très vieux piano qui se trouvait au grenier. Il ne pouvait pas être sauvé, tellement mal il sonnait. Donc les enfants l’ont jeté par la fenêtre du deuxième étage. Quel plaisir à l’oreille enfantine d’entendre un tel fracas! Et puisqu’en été il faisait souvent trop chaud sous le toit, les enfants dormaient parfois dans le jardin.

Son frère aîné, M. Roger Defossez, jouait du tennis sur le court de terre battue derrière la maison. Il jouait également au billard sur la table au premier étage, aussi utilisée par les soldats Suisses pendant la guerre. Il se souvient des fêtes de la paroisse, des spectacles, des pièces de théâtre, comédies, récitals, et, bien évidemment, des fêtes pour les jeunes. De temps en temps, il y avait des ennuis, par exemple des nids de frelons. Mais la maison était gaie, pleine de vie, et ses volets étaient peints en rouge et jaune, comme le drapeau Genevois.

M. John Grinling du service de la communication de l’Eglise protestante de Genève est venu au Grand Saconnex en 1954, à l’époque des Pasteurs Schindler et Jean de Jonge. John m’a rendu visite et a raconté comment s’organisait l’enseignement du catéchisme à la maison, une fois par semaine. C’était un petit groupe de 6-7 étudiants, et ils se réunissaient au premier étage. Catéchisme à l’ancienne, chaque mardi après-midi durant une heure, pendant deux ans en préparation à la confirmation. Il n’y avait pas d’examen à la fin, mais il fallait écrire un texte. John se souvient qu’une jeune fille, Jacqueline Caillat, chantait des Négro-spirituals et qu’on répétait au piano. Et la chapelle était toujours pleine – 30 ou 40 personnes.

Nous aussi, nous aurions aimé connaître la maison, et entendre les paroles du Pasteur Lucke, comme se souviennent René et Eric Jan. Quel privilège de pouvoir résider dans une maison avec une telle histoire !

Si bien la maison était jadis le forum de la paroisse, l’on pourrait proposer une maxime du Nouveau Testament : « Heureux ceux qui procurent la paix »* C’est pour cela que « le drapeau de la paix » s’envole depuis la fenêtre du premier étage, parce que la paix est bien nécessaire à la joie de Dieu et des humains.

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