Salève, je me souviens des cimes de Lamartine,
des folles péripéties du romantique Byron.
Ici rêvaient César, Calvin, Rousseau, Lénine --
Genève, témoin des temps et des passions.
Salève, symbole constant de tout Genève,
plus vrai que son jet d'eau qui seul s'élève
tant capricieux. Tu es présent en toute saison,
site de silence, de randonnées, de réflexion.
Salève, depuis tes belvédères je touche la plaine,
respire fraîcheur lacustre, l'ombre de tes chênes.
Le crépuscule me jette encore ses doux rayons,
je reste ici, les yeux fixés sur l'horizon.
Tes sentiers parfumés me portent sérénité;
tes verts bouleaux frémissent avec les brises d'été.
Le ciel azur caresse tes gris rochers sauvages,
mais noir, ce ciel sublime tonnerre en fauves orages.
Ciel de faucons, haut lieu des vents et de détente,
tu es l'Olympe de deltas et de parapentes,.
Oracle de Parnasse, des Muses du Haute-Savoie,
résonne ainsi en sursum corda genevois.
Salève, tu as livré propice l'inspiration
aux peintres comme Corot, Hodler, Blanchet,
aux musiciens Verdi [1], Wagner [2], unis en dévotion.
Parfois je crois entendre Valkyries près de Mornex.
Hélas!Voici un triste souci et ma prière:
Que cessent les éventreurs et leurs vilaines carrières
de ravager ta chair sans pitié et sans mesure,
portant sur ton visage de telles cruelles blessures.
Rideau des siècles, paravent d'un beau demain,
d'antan tu caches l'empreinte des féroces allosaures [3],
les os et rites des gentils peuples du Léman.
Deviens dès lors l'autel de nos futurs bonheurs!