MEDITATION DE NOËL
Les Béatitudes – mode
d’emploi pour Noël et dans notre quotidien
Noël est sûrement beaucoup plus que les cadeaux et les fêtes. Bien
au délà de cela, c'est une occasion propice pour réflechir, pour
mediter sur les choses plus transcendentales. C'est le temps de
la douceur, de l'humilité, du pardon et de la réconciliation.
Matthieu V, versets 23-24; VI, versets 5-6.
Le Sermon sur la Montagne nous enseigne beaucoup de choses. Il
vaut ainsi la peine de se pencher sur certains moments qui le constituent
et qui ont des implications pratiques pour notre vie quotidienne.
Chacun connaît
les Béatitudes, mais qui se souvient encore du message des
versets 23-24 du V. Chapitre de Matthieu ?
« Quand donc tu vas présenter ton offrande à l’autel,
et que là tu te souviennes que ton frère a quelque
chose contre toi … »
Que veut nous enseigner Jésus par cette image? Pour un protestant
il s’agit
du moment où il se rend au culte; pour un catholique, c’est
surtout le moment où il va recevoir l’Eucharistie.
Pour toute personne, il s’agit de la préparation à se
mettre en présence
de l’Eternel, lorsqu’elle s’engage à concrétiser
sa relation avec le Créateur. Ce n’est pas une
habitude ou une routine, mais un acte conscient.
Peut être on a été tellement occupé,
que l’on
n’a pas eu l’occasion de réfléchir avant
de se rendre au culte. Mais si quelqu’un se souvient
pendant le culte qu’il
a un problème grave avec sa femme, ou que sa femme, son
frère,
son proche, son voisin, son collaborateur au bureau, a quelque
chose de sérieux
contre lui, il peut – non, il doit
« laisser là l’offrande devant l’autel, et aller
d’abord se réconcilier avec (son) frère ;
puis revenir présenter l’offrande. »
Il importe donc d’arrêter carrément la démarche,
de cesser la prière, de retourner dans la vie quotidienne
afin d’essayer
de résoudre le différend. Dieu ne veut pas
d’offrande
en ce moment troublé, en ce moment d’imperfection.
Dieu demande
que l’on fasse l’effort de se réconcilier avec
l’épouse,
avec le voisin, avec le collaborateur, bref, que l’on fasse
la démarche
pour régler l’affaire. En principe, l’offrande à Dieu
n’est pas une obligation. Beaucoup n’en font jamais. Mais
faire une offrande exige que l’on soit au clair avec le monde
et avec soi-même,
de sorte que l’offrande soit valable et agréable.
Et pour la réconciliation, ce qui est indispensable est
le pardon. Pour
moi, c’est justement le pardon qui constitue la révolution
du Sermon sur la Montagne : il faut se pardonner mutuellement.
Certes, il y a une obligation de moyen, pas d’obligation
de résultat. Toutefois il
faut se donner la peine de tenter la réconciliation. Parfois
le prochain ne veut pas du tout la réconciliation, parfois
il veut garder sa rancune, ou il se peut qu’il ne soit même
pas conscient du problème,
ou de la nécessité de parler, de s’approcher.
Parfois l’autre
ferme la porte et ne veut plus en savoir.
Qui doit prendre l’initiative d’aller vers le prochain? Sans
aucun doute c’est dans le sens indiqué par l’Evangile
que l’on doit faire le premier pas pour se réconcilier. Si
la faute est de notre côté, il nous incombe bien sûr
de la corriger, nous devons réparer; si par contre
la faute est de l’autre,
il faut lui faire comprendre que nous sommes blessés. Ne
pas dire simplement: « tournons la page ». Oui,
il est bien de vouloir tourner la page, cela est même nécessaire,
car il ne faut pas cultiver la rancune. Toutefois, auparavant,
nous devons présenter
nos excuses et nos regrets. Alors, seulement après
avoir effectué cette
démarche, pouvons-nous envisager de tourner ensemble la
page. Il ne suffit pas d’en appeler au pouvoir curatif du
temps. Pas non
plus de prétendre que les choses vont s’arranger d’elles-mêmes.
Non, il faut rechercher une solution juste pour tous. Bien que Tabula
rasa soit
une bonne idée – mille fois meilleure que la discorde,
l’animosité,
la haine qui dure et qui nous consomme --il faut savoir comment
tourner la page. Pour
cela, il faut savoir prendre l’initiative, il faut être
patient, il faut être généreux, pratiquer la
charité humaine.
Donc dans Matthieu VI, versets 9-13, nous trouvons la prière
du Seigneur – et
nous répétons: « Pardonne-nous nos offenses,
comme nous aussi pardonnons à ceux qui nous ont offensés. »
Et dimitte nobis debita nostra sicut et nos dimittimus debitoribus
nostris. Mais
il ne s’agit pas de prononcer les mots d’une vielle prière,
de répéter une litanie trop bien connue, mais d’agir dans
ce sens! Cela exige de notre part de la sincérité.
Comme partout dans les Evangiles, le Christ nous parle de l’honnêteté émotionnelle
et intellectuelle, de l’honnêteté avec soi-même,
de la vérité.
Dans l'Epître de Paul aux Colossiens 3, versets 8-13, nous retrouvons
le Leitmotive des
Evangiles: le pardon. Nous lisons: "...Maintenant renoncez
à toutes ces choses, à la colère, à l'animosité, à la méchanceté,
à la calomnie, aux paroles équivoques qui pourraient sortir de
votre bouche. Ne mentez pas les uns aux autres, vous étant dépouillés
du vieil homme et de ses oeuvres, et ayant revêtu l'homme nouveau,
qui se renouvelle, dans la connaissance, selon l'image de celui
qui l'a crée. Il n'y a ici ni Grec ni Juif, ni circoncis ni incirconcis,
ni barbare ni Scythe, ni esclave ni libre; mais Christ est tout
et en tous. Ainsi donc ... revêtez vous de sentiments de compassion,
de bonté, d'humilité, de douceur, de patience. Supportez-vous les
uns les autres, et, si l'un a sujet de se plaindre de l'autre,
pardonnez-vous réciproquement. De même que Christ vous a pardonné,
pardonnez-vous aussi."
Matthieu VI, versets 5 et 6, nous rappellent
une notion semblable, celle de la modestie et de la simplicité: «Lorsque
vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui aiment à prier
debout dans les synagogues et aux coins des rues pour être
vus des hommes. Je vous dis en vérité,
ils reçoivent leur récompense. »
« Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme
ta porte, et prie ton Père qui est là dans le lieu
secret; et ton Père,
qui voit dans le secret, te le rendra. »
Quelle est le message de ce passage de l’Evangile de
Matthieu?
D’abord la paix dans notre quotidien, d’abord la réconciliation
entre les hommes, d’abord la sincérité – ensuite
la prière, le rituel, le culte. Et surtout en toute
modestie, pas en tant que manifestation de notre propre importance. Or, Domine,
non sum dignus, ut intres sub tectum meum: sed tantum dic verbo,
et sanabitur anima mea.
Méditons donc. Comment
devons-nous agir dans notre vie quotidienne? Je
suggère de réfléchir au problème tant
répandu
de l’orgueil, de l’arrogance, le premier des
Sept péchés
capitaux, dont découlent tous les autres péchés.
Les sept péchés capitaux de l’Eglise catholique,
formulés par
St Thomas d’Aquin, nous donnent une idée de la façon
de gérer
notre quotidien.
Je suggère de réfléchir sur les causes de
la violence et de la guerre. De nous interroger: pourquoi la haine
entre les hommes? Pourquoi
devenons-nous victimes du terrorisme? Nos gouvernements sont-ils
toujours justes et équitables avec le monde? Est-ce que nous
exploitons le reste du monde sans jamais penser à la justice sociale?
Est-ce que nous n’avons
pas de responsabilité pour les abus commis par nos gouvernements
et par nos entreprises multinationales? Sans aucune doute, si l’on
veut la paix, il faut d’abord
cultiver la justice. Si
vis pacem, cole justitiam. Voilà la bonne bénédiction --
de dire (dicere) le bien (bene), de faire justice!
Il faut se pardonner réciproquement. Demandons donc pardon, si
nous sommes sincères
et voulons l’harmonie
dans le monde proche et lointain. Prenons donc l’initiative,
faisons le premier pas! Après cela, on peut faire
la fête. Sans doute Noël et la fête de la réconciliation.
Gloire à Dieu aux plus haut de cieux et paix dans la terre aux
hommes de bonne volonté.
Gloria
in excelsis Deo
et in terra pax hominibus bonae voluntatis.
Joyeaux
Noël! |