La Dignité
humaine
Genève, 17 septembre 2007
Nations Unies, Salle XXI
Mesdames, messieurs
Il m’est agréable d’introduire les intervenants
et de modérer notre discussion sur la dignité humaine.
Tout d’abord, permettez moi de vous présenter nos
intervenants –
A ma droite
Son Excellence Mgr. Silvano Tomasi, Nonce apostoloque et observateur
permanent du Saint Siège auprès des Nations Unies
ensuite M. Clément Imbert, représentant de Point-Cœur
auprès des Nations Unies
à ma gauche
M. Philippe LeBlanc, délégué permanent de
l’Ordre Dominicain aux Nations Unies
M. Jakob Möller, ancien juge à la Chambre des Droits
de l’Homme de Bosnie et Herzégovine, et ancien Secrétaire
de la Commission des Droits de l’homme
et
M. Bertrand Ramcharan, ancien haut commissaire aux Droits de l’Homme
et Professeur à l’Institut du Hautes Etudes Internationales
à Genève.
Avant de passer la parole à mes collèges je me permets
de partager quelques réflexions avec vous --
D’abord, je constate que la dignité humaine est la
raison d’être de l’Office du Haut Commissaire
aux Droits de l’Homme, la raison d’être du Conseil
des Droits de l’homme, la source et l’inspiration des
Nations Unies.
Tous les droits humains ont comme but la réalisation de
la personnalité, de l’identité, de la culture,
de la religion, c.a.d. la vérité de la personne dans
sa totalité, de la famille, de la société.
Maintes résolutions du conseil de sécurité,
de l’assemblée générale, du conseil des
droits de l’homme nous parlent de la dignité humaine
–
La dignité nous concerne toutes et tous – le droit
à la vie, l’abolition de la peine de mort, les conditions
de détention dans les prisons, les droits de prisonniers
de guerre, la prohibition absolue de la torture, les droits des
peuples autochtones, des minorités, des travailleurs migrants,
des femmes, des enfants …
Or, qu’est-ce que la dignité humaine veut dire dans
la pratique des organisations intergouvernementales et non gouvernementales
? Est-ce que le comportement du Conseil de Sécurité,
de l’Assemblée Générale, du Conseil des
Droits de l’homme est toujours compatible avec la dignité
humaine ?
Les sanctions du Conseil de Sécurité contre le peuple
iraquien 1991-2003 étaient si sérieuses et contreproductives
que deux Secrétaires Généraux adjoints –
Dennis Halliday et Hans von Sponeck, les représentants de
l’organisation à Bagdad ont du démissionner
en proteste.
Le refus de la Commission des Droits de l’homme 2005 d’adopter
une résolution afin de condamner la situation a Guantanamo
était aussi une atteinte à la dignité humaine.
Je vous parle aujourd’hui aussi au nom de l’Association
internationale des droits de l’homme IGfM (Frankfurt) et au
nom du Millénium Solidarité, Genève –
peut être je vous parlerai ultérieurement des objectives
de développement du millenium – parce que la pauvreté
extrême est sans doute une atteinte à la dignité
humaine.
Je vous parle aussi en tant qu’ancien haut fonctionnaire
du Bureau du Haut Commissaire aux droits de l’homme, où
j’ai eu le privilège de servir sous la direction de
M. Ramcharan et de M. Möller –
Une question se pose concernant les experts des Nations Unies et
les fonctionnaires ? Est-ce qu’ils sont que des administrateurs
des normes ? Ou est ce qu’ils pensent à la personne
humaine ? A la victime ? Est-ce qu’ils sentent la douleur
des personnes outragés ? J’ai été témoin
du comportement des experts et des fonctionnaires qui démontraient
qu’ils ne comprenaient guère le sens de notre travail
pour la dignitas humana. En effet la bureaucratisation des droits
humains peut transformer le Conseil en organisation rituelle, où
les droits humains sont proclamés pendent que les personnes
sont oubliées.
Dans l’évangile de Luc de dimanche dernier, nous avons
entendu les paroles du Christ sur la dignité humaine des
pêcheurs – et nous avons vu que même le fils prodige
a été pardonné, et que l’on lui a donné
sa dignité, que le pardon et la réhabilitation sont
possibles.
La dignité humaine se base sur l’égalité
de tous les enfants de Dieu, comme le Sermon sur la Montaigne nous
enseigne. L’égalité et le pardon.
Et dimitte nobis debita nostra, sicut et nos dimittimus debitoribus
nostris.
Je vous laisse donc avec cette pensée et
passe la parole à mon son Excellence Monseigneur Silvano
Tomasi qui vas nous parler sur la dignité humaine dans la
doctrine sociale de l’Eglise.
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