PARTOUT ET TOUJOURS
Sans vouloir apparaître comme un panthéiste, je vous
propose deux méditations autour du concept de la présence
de Dieu dans le Temple et partout ailleurs. D’abord,
une lecture tirée de l’Ancien Testament, notamment des
Chroniques 1 à 17, là où le prophète
Nathan annonce au Roi David : « Ainsi dit l’Eternel : Tu
ne me bâtiras pas de maison pour y habiter. » de
même nous lisons dans Samuel 2, chapitre 7 :
« Et quand le roi habita dans sa maison, … il arriva que
le roi dit à Nathan: Regarde, je te prie, moi j’habite dans une
maison de cèdres, et l’arche de Dieu habite sous les tapis….Et
il arriva, cette nuit-là, que la parole de l’Eternel vint à Nathan,
disant : Va, et dis à mon serviteur, à David : Ainsi
dit l’Eternel : Me bâtiras-tu une maison pour que j’y
habite? Car je n’ai pas habité dans une maison, depuis le jour
où j’ai fait monter les fils d’Israël hors d’Egypte,
jusqu'à ce jour ; mais j’ai marché, çà et
là, dans une tente et dans un tabernacle. Partout où j’ai
marché, au milieu de tous les fils d’Israël, ai-je dit un
mot à quelqu’une des tribus d’Israël …en disant:
Pourquoi ne me bâtissez-vous pas une maison de cèdres? »
Autrement dit, il n’appartient pas à l’homme
de faire des projets pour Dieu. C’est Dieu qui établira
au milieu des hommes sa « maison ». Et l’Eternel,
lui, n’a point besoin d’un Temple ou d’une grande
Synagogue, mais du cœur des fidèles.
Ce texte nous rappelle un autre texte plus récent, tiré du
Nouveau Testament, un texte de Marc, chapitre
11, versets 15 à 17, (Mathieu 21,12-13)
« Jésus entra dans le Temple et se mit à expulser
ceux qui vendaient et ceux qui achetaient dans le Temple. Il renversa les comptoirs
des changeurs et les sièges des marchands de colombes, et
il ne laissait personne traverser le Temple en portant quoi que
ce soit.
Il enseignait, et il déclarait aux gens : « L'Écriture
ne dit-elle pas : Ma maison s'appellera maison de prière pour
toutes les nations ? Or vous, vous en avez fait une caverne de bandits. »
Et dans Marc, chapitre 13, versets 1 et 2 nous lisons que Jésus
enseignait dans le temple et, en sortant, un de ses disciples lui
dit : Maître, regarde, quelles pierres et quels
bâtiments ! Et Jésus, répondant,
lui dit : Tu vois ces grands bâtiments ? Il ne
sera point laissé pierre sur pierre qui ne soit jetée à bas ! (Marc
chapitre 13, vers 1 et 2). (Mathieu 24,2).
Quelle est la leçon à tirer de ces deux textes ?
Dans les Evangiles, nous voyons rarement le Christ en colère. A
mon avis, il est excédé de voir l’instrumentalisation
du culte, au temple, à des fins mercantiles – problème
bien connu aujourd’hui : le mélange du matérialisme
et du spirituel.
On peut reconnaître, dans ce deuxième volet, un signal
de la fin du temple juif et du retour à une vénération
de Dieu plus vraie, qui n’a pas besoin de temple, et de l’ouverture
de Dieu à toutes ses créatures, c’est-à-dire
la nouvelle alliance pour tous et pas seulement pour les juifs
dans la synagogue de Jérusalem.
Donc, Dieu n’est
pas prisonnier d’un bâtiment construit par les mains
des hommes. Dieu est partout et doit être vénéré en
tous lieux, dans les champs, dans les montagnes, dans les villes
et villages, dans la foule, dans la solitude.
Parce que Dieu est partout, et en tout temps, nous ne pouvons
pas non plus le limiter dans le temps. Il ne suffit pas de
le vénérer les samedis ou les dimanches, dans le
temple, car il est toujours présent, en pensée. La
religion se vit chaque jour, à chaque moment, pas seulement
au moment du culte. Ainsi cette réflexion doit rappeler à chacun
de nous de vivre dans l'Amour, à chaque instant de notre
vie.
En conclusion, je pense que Dieu ne voudrait pas que nous
nous imaginions pouvoir l’enfermer dans un Temple
de pierre ou de cèdre, dans une conception nationaliste,
ethnique, étroite, tribale ou de classe. La conception
du Temple comporte en effet le danger d’enfermer non seulement
Dieu, mais également la communauté, dans l’illusion
de la supériorité d’une religion partisane.
Alors, il convient abandonner cette idée. Jésus,
lui-même, avait prédit que le Temple serait détruit,
qu’il n’en resterait pas pierre sur pierre. Sa parole
est une parabole et une invitation à la fois, parce que
la nouvelle alliance est une alliance avec toute l’humanité.
|